Gael Lagadec, professeur d'économie à l'UNC, a publié en janvier une étude sur la dévaluation du Franc CFP.
Nous ne porterons pas de jugement a priori sur ce document.
Mais sur la question de la dévaluation nous avons au MRC une opinion claire: nous sommes pour la défense du pouvoir d'achat de tous les Calédoniens et nous nous opposons donc à toute mesure qui y porterait atteinte, ce qui est le cas de la dévaluation du Franc CFP.
Il n'y a aucune raison aujourd'hui de dévaluer le Franc CFP, et de très nombreuses raisons d'éviter aux Calédoniens d'en subir les conséquences dramatiques.
Le modèle économique de la Calédonie est simple: nous vendons du Nickel qui nous permet d'importer l'immense majorité de nos biens de consommation courante.
Le tissu industriel local reste limité à des niches et il n'y a pas besoin d'avoir fait Harvard pour savoir que nous importons nos voitures, notre essence, une grand part de notre alimentation. Il en est de même pour toute une série d'équipements et de machines nécessaires au bon fonctionnement de nos entreprises.
Notre électricité est générée seulement en partie par l'hydroélectrique et l'éolien.
Nous sommes en fait dépendants à plus de 95% d'importations d'hydrocarbures pour la fabrication de notre électricité (source ISEE)
Nous avons un système de santé de pays développé parce que nous sommes capables d'attirer des médecins de métropole avec des salaires appropriés.
Par ailleurs, si les Calédoniens peuvent emprunter de l'argent auprès des banques locales, c'est en partie grâce à l'argent qu'elles-mêmes empruntent en Euro en métropole. La Calédonie a une position nette extérieure de 90 Milliards qui est notre besoin en ressources financières extérieures.
Les projets du médipôle, les programmes de logements sociaux de la SIC, sont financés par des emprunts en Euros auprès d'institutions financières extérieures.
Dévaluer le Franc CFP cela veut dire amputer immédiatement le pouvoir d'achat des Calédoniens et renchérir le prix de tous nos biens essentiels.
Imagine-t-on que du jour au lendemain nos voitures, notre essence, nos aliments importés puissent coûter 50% ou 100% plus cher ?
Que les Calédoniens ne puissent plus partir en voyage comme aujourd'hui en Australie, en Nouvelle-Zélande, en France ?
Que nos enfants n'aient plus les moyens de partir aux études ?
Que nos médecins s'en aillent et que nous n'ayons plus les moyens de partir en évasan ?
Qu'avec des emprunts extérieurs en Euros, le poids de la dette des ménages et des collectivités soit instantanément multiplié et donc qu'il faille faire des coupes sombres dans nos projets privés et collectifs, ne plus acheter de maison, ne plus acheter de voitures, ne plus faire de logements sociaux ?
Quel raisonnement peut justifier un tel appel au désastre social et économique ?
Cette idée ne vient pas de l’Etat, ni des entreprises locales, ni même de l’IEOM qui a démenti à plusieurs fois les rumeurs sur le sujet.
L'idée de la dévaluation est avant tout motivée par l'idéologie «souverainiste» qui voudrait que le niveau de vie des Calédoniens soit amputé pour pouvoir se passer de la solidarité financière Française qui s'exprime au travers des transferts de l'Etat.
Cette idéologie est notoirement soutenue à l'UNC par Mathias Chauchat, sympathisant indépendantiste, qui a une forte influence sur les orientations du corps enseignant de cette institution.
Non seulement cette théorie aura des conséquences socio-économiques dramatiques, mais elle aura à terme une autre conséquence : l'explosion des inégalités.
En effet dévaluer les salaires réels en dévaluant la devise locale, c'est payer les travailleurs moins et faire gagner plus d'argent aux patrons, notamment les entreprises minières qui vendent du minerai ou du Nickel en dollars.
La dévaluation créera ainsi un système à deux vitesses avec des salaires pour expatriés, et des salaires de pays sous-développé pour les locaux.
Evidemment les modes de consommation seront à l'identique, à l'image de ce que l'on peut déjà observer au Vanuatu.
Au final, cette idée de la dévaluation ne vise pas à rendre notre économie plus compétitive, puisque nous n'exportons pas de biens de consommation.
Elle vise à satisfaire un projet indépendantiste au détriment du pouvoir d'achat de la population.